Episode 9

La stupeur de leur macabre découverte une fois passée, les compagnons, par nécessité, reprennent leurs esprits. Houbel, aidé de JJE, fait confiance à son esprit pragmatique de bouffeur de chair humaine et décide de dépiauter deux/trois tombes afin de voir si les gars du fort sont des usurpateurs ou des déterrés ou autre chose de pire.

Suzie tente de retrouver le vagabond et se lance à sa poursuite, seule comme de bien entendu. Enfonçant ses bottes dans la neige jusqu’aux genoux, elle le suit péniblement jusqu’à une cabane où l’inconnu a fait un passage éclair. Entre un uniforme nordiste défraîchi et une winchester rouillée, elle trouve le nom du fuyard, Chambers. Chambers ! Celui qui aurait trahi les siens pour livrer Meyer et son escorte aux indiens !

Remontée comme jamais, Suzie repart à la poursuite du fuyard, mais elle va beaucoup moins vite que Vole-avec-les-faucons qui, de son point de vue majestueux, note que l’inconnu va bientôt rejoindre le camp des indiens du coin. Pas le temps de réfléchir, le comanche atterrit à trente pas devant le fuyard et se change à nouveau en homme (enfin, si l’on considère toujours que les comanches sont des indiens comme les autres). Surpris – et qui ne le serait pas ? – le fuyard dégaine un six-coups et emplâtre le brave dans la jambe, puis se remet à courir en biais pour lui échapper.

Mais Suzie finit par le rejoindre et l’amadoue pendant qu’une bande de cherokees chope Court par le colback.

Tout ce petit monde finit au campement un peu plus loin, plus précisément dans un tipi embrumé de vapeur hallucinogènes au milieu de quelques vieilles têtes parcheminées remplies de plumes et de nattes. Ils sont bientôt rejoints par les déterrés, tandis qu’un indien encore plus parcheminé que les autres prend enfin la parole. Le vieil indien se fait appeler Triste Corbeau. Il explique d’abord qu’ils sont coincés, que le « gardien » laissé par Lucien Bowman empêche quiconque de quitter la région. Ce gardien ? Eh bien il s’agit des soldats nordistes du fort. Bien des braves ont essayé de les tuer, mais ils reviennent à chaque fois. Matthew Meyer est bien tombé dans une embuscade. Mortellement blessé, il a pu rejoindre le monastère avant de décéder brutalement de causes déterminées. Il dit ensuite reconnaître Suzie, et lui fait comprendre qu’elle est une sorte de star dans les milieux emplumés. Suzie doit libérer le peuple indien du joug des hommes blancs, renvoyer ceux-ci par-delà les océans, tout ça pour récupérer son âme. Choix difficile s’il en est, mais Suzie étant un être pleinement égoïste (une femme), elle n’écarte pas cette possibilité. Elle doit assister à une réunion en enfer avec les Derniers Fils morts qui l’attendent. Et pour cela, elle doit contacter Ferguson, le bigot du fort (qui est donc aussi un des gardiens censés l’empêcher de partir, mais qui a encore un fond de bon coeur, c’est compliqué).

 

L’humeur est sombre cette nuit-là, et dès le lendemain, le groupe repart, accompagné de guides cherokees, vers le monastère où Matthew Meyer devait se rendre. Il est accueilli par Frère Ernesto, un moine boudiné au regard torve, qui accueille néanmoins la petite troupe avec toute la charité chrétienne dont il est pétri. Il les conduit aussitôt au supérieur de son ordre, le Frère Batisto, un grand moine tout sec, qui se fait un plaisir de mentir à leurs interrogations : oui Matthew Meyer est arrivé jusqu’ici, mourant, alors qu’il venait consulter des ouvrages interdits, oui il est mort peu après, non  ils n’ont rien gardé de lui (tout brûlé, si si, brû-lé j’vous dis). Le monastère est heureux d’accueillir le groupe cela dit, ils peuvent rester ici autant qu’ils le veulent, une gentille cellule de 1×2 m est à leur disposition, repas en collectivité et couvre-feu à huit heures, grasse mat’ jusqu’à 4. Ne prêtez pas attention aux hurlements dont vous entendrez l’echo dans les couloirs sombres du sous-sol, c’est juste le vent qui chuchote dans les arbres.

JJE et Houbel n’ont bizarrement pas envie de faire de vieux os ici, et même la présence du grand tout sec est plus qu’inconfortante (Jung, in l’inconscient inconfortant) pour eux. Les déterrés ont de plus en plus de mal à passer pour des vivants, et ils commencent à perdre des bouts.

Court décide d’aller chercher des réponses auprès de ses amis esprits, il s’isole une journée dans la forêt, en compagnie des grizzlys, blaireaux et autres belettes, pour connaître le nom du livre que recherchait Meyer.

Suzie, toujours inquiète de ne plus voir ses amis morts l’accompagner – elle s’y était faite au final, utilise la machine à communiquer du prof Leighton. Bingo ! Harrietta lui répond, la prévient qu’elle s’était cachée en compagnie de Sarah, l’avertit : Trent et les autres sont en train de machiner une machination pour utiliser son corps puisqu’elle n’a plus d’âme !

Sous le choc, Suzie cherche la bibliothèque en compagnie de JJE. Le moine bibliothécaire, Frère Adrien, ne sait pas garder un secret. Il a fait vœu de silence comme Houbel a fait vœu de ne pas violer/massacrer les prostituées.

Devant le visage larmoyant de Suzie, il lâche donc tout, tout en sachant qu’il fait une connerie :

la guidant dans les sous-sols, il mène la jeune femme dans ce qui ressemble à une sorte d’hospice mâtiné d’asile de fous, où des moines soignent toute la misère du monde, mais pas que.

Dans une cellule aux murs barbouillés de graffitis incongrus et incompréhensibles, un homme est recroquevillé, le regard aussi fou qu’il est possible. « Voici votre fiancé, miss… » dit le Frère Adrien d’une voix chevrotante.

Matthew Meyer est donc en vie, mais il n’a plus du tout sa tête, il est incapable de dire un mot cohérent, mais sur les murs de sa cellule, un idéogramme revient constamment : un clou, un gros clou noir rouillé…

Profitant de l’absence du bibliothécaire, JJE fouille un peu le registre des emprunts, trouve quelques livres abscons, abstraits et abstrus, mais comme il ne lit pas le latin, il préfère demander au Frère sa méthode « le latin facile en 3 leçons ».

Suzie et son guide reviennent alors, mais Adrien n’a pas fini de tout déballer ! En entendant le nom d’Everett, il se rappelle qu’un autre visiteur est passé à la même époque : le pasteur Luther, ce prêtre défiguré qui en veut aux survivants de Last Chance Valley depuis quelques années, a également consulté des livres de la bibliothèque ! Adrien leur fait même la visite guidée, leur explique les démons, leurs noms, leurs habitudes alimentaires…

… et une image de Lucien Bowman apparaît alors. D’un air faussement naïf, JJE demande des détails sur celui-ci. Les bras lui en tombent (façon de parler, parce que… ok pour un déterré, ça pourrait être au sens propre, en effet, mais pas là, non), car selon le frère érudit, cette abomination ne serait pas Satan, mais Melmemoth, son fils, Prince du Mensonge et de l’Entourloupe.

Melmemoth les aurait-il entubés à ce point-là ? La vengeance bouillonne dans les veines de l’ex-maire. Lui et ses acolytes se sont fait avoir comme des bleus, et son envie de rompre le contrat qui les lie n’en est que plus forte.

Pendant ce temps, au Costa Rica, Houbel fait encore une fois tout le scénario : s’armant de volonté, de patience et d’une pioche ébréchée, il entreprend de creuser une belle tranchée pour planter des patates et ainsi se racheter aux yeux du Tout-Puissant. Il est tellement assidu et concentré qu’il ne remarque même pas la présence au loin d’un démon envoyé par Bowman, accompagné du lieutenant Amos, qui le zyeutent de leur mille et deux yeux.

En milieu d’après-midi, alors que JJE entretient Houbel de ses découvertes fracassantes, Suzie remarque une armée de pouilleux dans la plaine, et à sa tête le révérend Trent. Ainsi donc Harrietta disait vrai. Les morts lui en veulent.

Vexé d’avoir été pris pour un imbécile, ce qu’il n’est pas, Houbel est chaud patate pour aller finalement péter la gueule à Lucien Bowman, ou Melmemoth peu importe.

Cours revient enfin de son escapade champêtre. Les esprits lui ont montré le livre consulté par Matthew Meyer. Accompagné de Suzie, il retourne voir le Frère Adrien au moment du repas, trouve le livre, se rend compte que Meyer était venu pour identifier un artefact, un clou de la croix du Christ trouvé en France, qui aurait permis à Sad Coyote de tuer Melmemoth.

Le puzzle prend forme, et ça cogite grave dans les têtes cabossées de nos compagnons au réfectoire, pendant un repas au silence uniquement brisé par les psaumes déclamés par le moine punit de soupe. Il est alors vingt heures, on ferme, chacun gagne sa cellule et ne pourra en sortir qu’aux matines, vers les 4 heures du mat’ (Suzie en a déjà mal au crâne).

La nuit, tous les chats sont gris, et Houbel joue le passe-muraille pour aller interroger le voisinage en quête du clou. Malheureusement, ses techniques de persuasion sont quelque peu « percutantes », et les deux trois premiers moines interrogés dans le sous-sol finissent avec des bouts de cartilage dans les mains, sans que cela donne le moindre résultat : aucun ne sait de quoi il cause.

Ah, si, il y  a un résultat quand même. Le Frère Batisto apparaît devant lui et sa présence est fort incommodante pour le déterré. Chaque pas empreint d’une lumière divine le brûle atrocement, ainsi qu’Everett qui se trouve pourtant un étage plus haut.

Le Frère Batisto, en plus du don de Lumière Purificatrice possède aussi celui d’Ubiquité, puisqu’il se permet d’être épié dans sa cellule par Faufile-avec-les-souris, en train de prier devant une bougie.

Il est vingt heures cinq, le monastère est à feu et à sang. Les moines fuient Houbel le psychopathe qui lui même fuit le Frère Batisto, s’étant rendu compte que son couteau ingénieusement dissimulé dans la botte, ne pouvait entamer la forme éthérée de son adversaire.

JJE, lui, a déjà pris la bonne décision, c’est-à-dire la tangente. A l’extérieur, loin de la lumière aveuglante de Batistoo, il retrouve l’envoyé démoniaque de Bowman, et arrive à le convaincre qu’il essaie de retrouver le clou pour le jeter loin, très loin, dans la montagne du destin.

Houbel les rejoint bien vite, un vrai cadavre ambulant, et tandis que la lumière de Batisto les frappe encore, JJE n’hésite pas à tirer une balle dans la jambe de son compagnon pour prendre de l’avance. Ca sent la vengeance à plein nez cette histoire. Mais Houbel s’en sort et les deux déterrés finissent la nuit dans la cambrousse.

Suzie, qui s’est fait ouvrir la porte de sa cellule par Harrietta, et Court, ont enfin une discussion avec le Frère Batisto, et apprennent que le fameux clou a été mis à l’abri : sur les recommandations de Matthew Meyer, Batisto l’a envoyé par la poste au président des états confédérés d’amérique, Eric Michele, actuellemnt en campagne pour sa réélection à ce poste. C’est un bon ami de Meyer à ce que l’on comprend. Ainsi Lucien Bowman a bien été berné, le gardien surveille la région pour rien !

Suzie et Court prennent congé, retrouvent leurs camarades dans la forêt enneigée, et tout le monde se retrouve chez les indiens.

L’heure est grave. Serrés dans le tipi de Triste Corbeau, embrumés par les vapeurs du calumet et l’odeur de charogne qui émane maintenant des trois déterrés, des décisions sont prises. Suzie passe un marché avec Everett : il sera révélé aux déterrés où se trouve le clou lorsque le groupe aura permis à la jeune fille de rencontrer Ferguson pour assister à la réunion en enfer avec les Derniers Fils. L’indien aux bras noirs est prêt une fois de plus à conduire ses braves contre le fort afin de vaincre le gardien.

Ainsi, lorsque la troupe arrive en vue du fort, les formes du lieutenant Amos, de Nuxx et du seconde classe Hiwit, sont aperçues sur les remparts en bois, attendant le groupe de pied ferme. En parlant de pied, ils donnent l’impression de ne pas avoir de jambes, mais se meuvent chacun sur un tentacule, comme des hommes-serpents ou les extrémités d’une bête monstrueuse enfouie sous terre dont ils ne seraient que les appendices grimés…

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