Episode 10

« On s’s’rait cru à Fort Alamo. Ou Little Big Horn, v’voyez ? ‘Vec tous ces métèques qui foncent vers vous à cheval en hululant à la mort, lances brandies et tout l’tintouin. Les ch’vaux hennissants, ruant, cabrant, les flèches qui s’plantaient dans la palissade et la transformaient en hérisson. Y nous tournaient autour, pis un moment y a eu un grand trou dans la palissade, et y sont rentrés comme des fous, comme si z’étaient chez eux, comme si z’avaient gagné. Ai cru qu’ma dernière heure était v’nue. Sept soldats contre trente sauvages, qu’est-ce qu’y pouvaient bien faire ? M’en suis voulu d’avoir fait cette halte pour la nuit, Aurais dû continuer jusqu’au village des trappeurs. Mais les légendes, v’savez, les fantômes endormis sous la neige…

Bref, ai jeté un œil de derrière mon tonneau ousque j’étais bien planqué. Voulais voir comme on allait tous crever dans c’fort. Et c’est là qu’j’ai vu l’sergent Amos, sur la palissade, tuant les indiens par poignées de cinq. Et j’ai pris mes jambes à mon cou, parce que l’monstre, c’tait lui ! »

Eul’Vieux Glen, chercheur d’or, de passage dans la région, au mauvais endroit au mauvais moment

L’assaut est donc donné. Les indiens se jettent à l’assaut du fort, bientôt suivis par JJE et Houbel, tandis que Betty choisit prudemment de faire le tour. Elle n’a qu’une idée en tête, fuir cet endroit maudit (et elle s’y connaît en termes de malédiction). A trente contre sept, l’affaire aurait dû être pliée en moins de deux. Mais ces sept-là ne sont pas humains. Leur queue de serpent semble infinie, et ils sont investis des pouvoirs infernaux de Melmemoth. L’un d’eux fait une percée dans la charge par le flanc, renversant une poignée d’indiens et les deux déterrés. Le lieutenant s’élève au-dessus de la palissade. Son corps ophidien n’a pas de fin. Lorsqu’Everett sort les allumettes, un craquement énorme fait exploser la palissade, laissant s’engouffrer une partie de la troupe dans le camp. Triste Corbeau lui-même entre en duel aérien avec Amos, pendant que ses braves se débattent avec Nuxx et Hiwitt.

Houbel charge, à pied, comme un grand, ce coquin de Nuxx. Tout seul, la winchester au clair. Dix secondes plus tard, il est de retour dans sa moissoneuse-batteuse, en enfer, avec sa femme qui lui hurle dessus. Mais bizarrement, la scène change cette fois. La moissonneuse s’emballe, quitte les champs à toute berzingue, sans que le pasteur-fermier ne puisse faire quoi que ce soit. Elle lui fait faire le tour du proprio, jusqu’à un vieux saloon tout abandonné, tout poussiéreux, où elle le recrache enfin.

Très en retard, Suzie, peu chaude à l’idée de charger à cheval, décide de gagner du temps et bondit de sa selle, effectuant un saut de plusieurs dizaines de mètres pour tenter d’atterrir dans le fort. En chemin, elle est percutée par Amos qui jaillit en l’air, se servant de sa queue comme d’un ressort. Evitant le pire, Suzie atterrit les pieds devant dans la chapelle, à la recherche de Ferguson. Mais il ne s’y trouve pas, et la jeune femme doit donc se faufiler dans le camp, entre les militaires démoniaques et les indiens enragés.

Court-avec-les-loups se sert de sa puissante magie pour immobiliser Hiwitt, prêt à dévorer tout cru Everett. Il l’enchevêtre, Great teamwork, boy ! Malheureusement, Le texan se rate totalement derrière et libère lui-même le gardien, qui en profite pour lui administrer une bonne dérouillée des familles.

Betty continue de se cacher, elle est pistée, elle le sait. Mais sa science du camouflage a pour le moment raison du flair de son poursuivant. Pourtant, il est tout proche, mais il n’arrive pas à mettre le nez sur elle. Ce n’est que lorsqu’elle se couche par hasard dans la rivière qu’elle se rend compte que la créature n’arrive pas à la pister dans l’eau. Betty entrevoit enfin une issue, mais c’est sans compter Houbel.

Houbel, justement, visite le saloon abandonné au fond de l’enfer. Et, sous une trappe dissimulée sous une tonne de poussière infernale, un escalier ! Et sous cet escalier, un… tripot ? Un tripot infernal, bien entendu. Melmemoth est là, faisant la teuf assis à une longue table avec nombre de ses collègues et séides. C’est la débauche la plus totale, partouze improbable, torture, partie de bridge…

Mais le pasteur ne se laisse pas impressionner. Il interpelle son « patron » et y va au culot, pose ses bourses directement sur la table en disant « Vas-y, tape dessus si t’es un bonhomme ! »

Malheureusement pour lui, Melmemoth est plus qu’un bonhomme, et c’est avec la plus grande violence qu’il écrase les bourses d’Houbel (c’est une image, tout ça, j’espère que vous aurez compris).

Pendant ce même interstice de temps entre deux coups de feu dans le monde physique, Suzie a trouvé une porte entre les mondes, comme à chaque fois que Houbel crève comme une merde. Mais cette fois-ci, Ferguson est là. Il veut la tuer. Il doit la tuer. Mais la jeune chanteuse arrive à le convaincre de le mener à la réunion avant. Il aura tout le temps de faire ce qu’il veut après.

Lors, après avoir monté un million de marches entre deux falaises, traversé deux douzaines de déserts brûlants et écarlates, Ferguson mène Suzie à un bateau enchâssé dans la montagne, un bateau à aubes, le bateau de Serres-de-Nuit ?

Là, une vingtaine de braves aux bras noirs attendent, le visage fermé. Sad Coyote est là. Il regarde ses chaussures. Après une courte interruption où Grace Winchester défend son époux bec et ongles (la pauvre femme), la négociation peut commencer. Suzie en sait plus sur ce qui l’attend si elle tope là. Elle doit sacrifier un de ses compagnons déterrés, ou une fille tatouée comme elle, et à ce moment-là, lorsque la porte entre les mondes s’ouvrira encore une fois, une armée d’indiens déferlera sur le pays, dans le but de chasser tous les blancs de ce pays. Tuer un des déterrés ? C’est la meilleure nouvelle de la journée ! Sauf que…

A l’autre bout des enfers, Houbel ridiculise Melmemoth devant sa cour, il lâche ouvertement son nom, l’humilie en mettant à jour son plan foireux pour se faire passer pour Papa, et par dessus le marché lui tend la main avec condescendance. En gros, il fait tout ce qu’il ne faut pas faire : il lui balance la lumière dans la tronche, le plonge dans l’eau et lui donne à bouffer après minuit.

Melmemoth en a bien marre, Houbel retourne alors à la poussière, et avec lui JJE qui s’effrite sur le champ de bataille, et Betty dont les cendres sont emportées par la rivière où elle était plongée une seconde auparavant.

La bataille est une déroute. Suzie se replie avec Triste Corbeau dans le village indien. Court-avec-les-loups, sentant la suite pas terrible, s’est envolé sous forme de faucon et a rejoint le monastère.

Et dans la plaine, un nuage de poussière tourbillonne, accompagné d’une lamentation funeste, et le vent disperse le parfum de Betty dans toute la vallée.

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