Episode 8

Lincoln Pass est une sympathique bourgade paumée de l’Idaho ou du Montana, on ne sait pas vraiment, avec son saloon, sa boucherie/mairie et son bureau de poste comme de bien entendu.

C’est ici que le groupe débarque enfin pour retrouver la trace de Matthew Meyer deux ans après et sur la simple foi d’un courrier adressé depuis ledit bureau de poste à son frère Thomas (ou était-ce Charlton?). Il fait super froid, une fine couche de neige habille la région, et les arbres, ah, ces arbres, des douglas-firs hauts et droits comme des buildings !

Bien évidemment, c’est le saloon qui est la première cible du groupe. Entre un piano gardant autant de touches qu’un vieil alcoolo édenté, et un barman jovial mais enveloppé, ça sent pas mal le castor. Lincoln Pass est un vrai village de trappeurs, des hommes barbus, qui sentent fort la tannerie et l’alcool, à la frontière canadienne. Suzie se paye royalement un bain, pendant que les autres font avancer l’enquête : ainsi Houbel rencontre le maire pour accéder au registre des décédés des deux dernières années. Meyer n’y figure pas, à son grand désarroi. Mais il se retient de tout casser. Cours-derrière-les-trains, lui, a un peu plus de chance. En interrogeant le postman, il obtient la certitude que Meyer était ici, mais n’a plus donné signe de vie depuis deux ans. Par contre, il avait reçu un télégramme d’Artemus Walter Scott quelques jours auparavant.

JJE, lui, joue aux cartes à la recherche d’un guide pour les montagnes, au cas où. On l’oriente vers Belette Agile, un indien qui aurait foiré dernièrement un deal avec le Gros Tom, qui possède la ferme, là-bas, à droite après le gros arbre tordu.

Accompagné de Cours, Houbel et Betty, qui jusque là n’a fait que rêver à des hommes mystérieux en noir, armés de sabres de cavalerie étonnement droits et scintillant d’une lumière verte, bleue ou rouge au choix, JJE se rend à la ferme, là-bas, à droite après le gros arbre tordu, pour négocier quelques minutes d’entrevue avec Belette Agile, qui n’est autre qu’un adolescent indien au regard terrifié.

Tom, et quatre autres gaillards, « hébergent » bien Belette Agile, suite à une sombre affaire impliquant du matériel vendu et surtout 80 $ perdus. Contre la modique somme de 5 $, JJE parvient à discuter cinq minutes avec l’indien. Enfin, discuter, façon de parler, La Belette est muette comme une taupe, une carpe, ou un indien puni par un couteau bien aiguisé. Cours arrive néanmoins à communiquer avec lui, dans la langue des sauvages, via des questions fermées. Au final, Belette ne sait pas où sont passés les 80 $, mais un deal est passé : il conduira le groupe dans les montagnes si on le libère (j’avais pas dit qu’il était attaché à une chaise ? Ah, ok, bon, donc il est attaché à une chaise, et il a été un peu secoué aussi, des contusions, rien de grave – pour le moment).

JJE accepte de casser sa tirelire et de donner les 75 $ restant au Gros Tom pour embarquer le gamin. Le groupe retourne ensuite fêter ça au saloon, où il trouve une Suzie tirant des larmes de l’assemblée de par ses chants langoureux et dramatiques.

Suzie passe ensuite la soirée à soutirer des histoires de la région au barman, en particulier sur le fortin et son bataillon dans la montagne, qui attend l’ennemi invisible depuis trop longtemps, les indiens cherokees, sanguinaires, de mystérieux moines cannibales et de non moins étranges créatures sous la neige.

Au petit matin, après quelques achats nécessaires, Belette Agile prend le sentier de la montagne suivi par la compagnie bien au chaud dans des manteaux de fourrure et portant toques de castor.

Après quelques pénibles heures de marche, le groupe voit son chemin barré par un précipice relativement mortel. Seul un pont de cordes en triangle permet de rejoindre l’autre bord, où la montagne s’élève de plus belle. Houbel négocie avec Betty de passer en premier contre un baiser. Malheureusement, n’étant pas sherpa, il s’emmêle dans les cordages et se retrouve rapidement suspendu dans le vide par le pied au milieu du pont. Betty se rend à son secours en soupirant, une corde nouée autour de la taille. Aidée de Belette Agile, elle tente de remonter le lourdaud, mais des jets peu inspirés plongent les trois compères dans le vide, les deux hommes accrochés au décolleté de la jeune femme comme des moules à leur rocher. Everett s’empresse de retenir la corde qui file, en l’enroulant autour d’un arbre comme il peut. C’est le moment que choisit un bon grizzly des familles pour s’en prendre à Cours. Le comanche n’a que le temps de se changer lui-même en grizzly pour éviter de se faire écharper en une action. Suzie, après un temps de réaction plutôt lent (comme d’hab’ en fait), court aider Everett à tirer la corde, pendant que le combat de titans fait rage. Cours n’est pas très à l’aise dans son costume de poils et manque de faire lâcher la corde à ses camarades, mais Suzie gonfle ses muscles pendant que JJE tire sur l’ours (le vrai) pour l’occuper. Une avalanche venue de la montagne de l’autre côté, ainsi que quelques rochers, lancés négligemment par on-ne-sait-qui pour manifestement détruire le pont, agrémentent le combat.

A la force des bras, Betty, Houbel et Belette Agile remontent sur le plateau, et Houbel abat l’ours en un tir fastoche (pour lui). Alors que tous reprennent leur souffle, un indien au cheval tâché de bleu et au chapeau haut-de-forme démodé les toise du haut de la montagne.

Le groupe atteint le fort deux bonnes heures après, un fort branlant, presque abandonné, qui nécessiterait moult réparations. Pas mal de neige, des trous dans la palissade, quelques animaux de ferme et le seconde classe Hiwitt accueillent les voyageurs. Autour d’un bon feu, le lieutenant Amos annonce qu’ils attendent la relève, qu’ils sont les derniers survivants de batailles avec les indiens du coin, sous les railleries alcoolisées du soldat Nuxx. Suzie se fait passer pour la fiancée de Matthew Meyer, et Amos lui annonce avec peine sa mort probable dans une embuscade tendue par les cherokee il y a deux ans, en compagnie de plusieurs soldats et de son équipe, alors qu’il se rendait au monastère (en passant, les moines ne seraient pas du tout cannibales !). Eplorée (quelle actrice, elle-même finit par y croire!), Suzie demande à voir les éventuelles affaires laissées par son fiancé, ce à quoi le lieutenant accède en lui recommandant d’aller trouver le sergent Ferguson à la chapelle. Pendant ce temps-là, mangeant et picolant, les autres apprennent que l’ancien colonel est redescendu avec une partie de ses hommes à Lincoln Pass, et qu’on est sans nouvelles de lui depuis un certain temps.

Dans une caisse en bois contenant diverses babioles, Suzie retrouve une photo de la compagnie, où elle découvre que le colonel du fort n’était autre que ce fieffé coquin de Lucien Bowman. Plus étrange encore, la silhouette de Satan en personne se met à bouger sur la photo, et commence à lui parler directement. Surprise, Suzie laisse tomber le cadre qui se brise, figeant à nouveau la scène.

Le lendemain, une aube blanche accueille le petit groupe en partance pour le lieu du massacre. Le groupe est toujours surveillé par les indiens. La cabane qui fut le lieu de l’assaut des soi-disant cherokees est le théâtre de dégradations matérielles inadmissibles. Du sang, surtout, quelques traces de meubles détruits férocement, des marques sur les murs…

Rien ici ne peut confirmer une quelconque hypothèse quant au responsable de ce massacre. Mais plus loin, alors que la compagnie a repris sa route vers le monastère cannibale-mais-peut-être-pas, Cours (encore lui !) remarque une ombre qui épie de loin les voyageurs. A peine remarqué, l’homme prend ses jambes à son coup. Tous se mettent en chasse, Suzie criant des « Matthew ! Matthew !», persuadée qu’il s’agit de son fiancé. Le comanche se change en faucon et part à la poursuite du fuyard.

Quant aux autres, la poursuite les amène dans une sorte de petite clairière, qu’une poignée de tombes égaye. Des trappeurs ? Les soldats disparus ? Des moines ? Non.

Sur les stèles érigées à la va-vite, ils notent avec effroi les noms des soldats avec lesquels ils ont partagé un bon ragoût la nuit précédente.

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