Episode 13

« Tous les chemin mènent en enfer »

Prologue :
Houbel est mort il y a bien longtemps.

Depuis il purgeait une juste peine en enfer. Rien de bien méchant, il n’était pas au niveau des violeurs et des tueurs d’enfants, mais déjà, l’éternité semblait longue. C’est alors qu’il fut convoqué dans le bureau du propriétaire de ce lieu sombre, plein de hurlements et de bruits de machines. Satan en personne souhaitait le recevoir pour un entretien et ça n’augurait rien de bon, le patron était taquin et Houbel n’était personne. Alors pourquoi ce tête à tête?

La cabane en bois était au milieu d’une plaine désertique rougeâtre qui empestait le souffre et la viande en décomposition. Il fallut environ deux ans à Houbel pour traverser, seul et dans la soif, l’étendue sauvage qui devait le mener à son rendez-vous.

Quand il y  entra, il trouva un homme en costume coiffé d’un simple chapeau melon et qui lui désigna une chaise d’un geste lent de la main. L’homme toucha le bout de son cigare avec l’index pour en enflammer l’extrémité et il en proposa un à un Houbel qu’il alluma de la même manière.

“Grasse est morte Houbel, attaqua-t-il sans plus de formalité. Ses amis sont des crétins. Efficaces, audacieux, téméraires, complètement cons. C’est eux que j’ai choisi. Eux, et toi.

Houbel garda le silence. Deux ans de soif et de solitude ne laissaient pas comme habitude le bavardage.

Tu te souviens de cette histoire, Les comanches qui sont venus juste à côté de MON royaume, délivrer MES horreurs, répandre MES malédictions sur le monde… Et Dieu qu’en dit-il? Rien du tout Houbel, il s’en cogne, de ça et de tout le reste crois-moi! Il se fout même de toi et de ta femme, de ta tripotée de gamins. Il se fout de ce que font les mortels, des sacrilèges qu’ils commettent…

Mais pas moi Houbel, pas moi…

Me crois-tu si méchant? Si cynique? Me penses-tu indifférent à tout cela comme le Très-Haut? Ce n’est pas le cas Houbel. Les Derniers fils, ces rats aux bras noirs, vont payer pour leur crime. Ils vont savoir ce qu’il en coûte de venir se servir dans mes affaires. J’aimerais m’en occuper moi-même bien sûr seulement, là, veto. Si on commence à toucher à ses enfants sa Grandeur Céleste lève Son illustre fessier de Son trône et fait Sa grosse voix!”

La cendre que laissait tomber les deux cigares qui se consumaient s’était accumulée sur le plancher de bois sec. Le petit monticule commença à s’animer pour devenir une forme vaguement humanoïde qui s’attaqua avec fureur à l’un des orteils pourris de Houbel. Le damné écrasa violemment la chose avec son pied ce qui fit hurler de rire son interlocuteur.

Au bout de plusieurs jours, ce dernier reprit son calme. Houbel n’avait pas bougé d’un pouce. Ecouter le Diable exploser de rire assis sur une chaise en bois, en enfer, cela équivalait à six mois de vacances. Quand il recommença à parler, Houbel soupira.

“Je ne peux pas intervenir personnellement sur Terre. In-ter-dit. Mais toi tu peux. Pour moi. Avec les loqueteux qui ont laissé mourir ta femme. Je vais te rendre un corps Houbel, ton corps, et tu vas revenir sur Terre. Avec moi. Et tu vas m’aider à les faire payer. Nous allons les détruire Houbel, jusqu’au dernier. Ils veulent réveiller un vieux monstre dans une ville appelée Last Chance Valley. Ils pensent que cela va les aider à lutter contre moi vois-tu. Ils savent que je les traque.”

Il se leva et ajouta comme si c’était entendu:

“Quand ce sera fait, je te rendrai ta femme et je vous remettrai tous les deux à Dieu. Vous passerez l’éternité au sein du jardin du Seigneur dans un ennui mortel mais il semble que c’est ce que vous autres mortels espérez de mieux.”

Sans rien ajouter, il se mit à souffler doucement, juste un mince filet d’air entre ses lèvres. Alors la table s’envola; puis les murs et, enfin, chaque grain de poussière qui formait le désert autour d’eux. Alors dans cette immense tempête, Satan cessa de souffler et Last Chance Valley apparut. Il faisait nuit et il pleuvait. La ville était en flamme. Entre les carcasses flamboyantes des maisons, erraient les cadavres de ses habitants. Pauvres formes macabres boitillant dans le décor sordide de ce qui fut leur vie.

Houbel était toujours assis devant une table ronde. Il se trouvait au milieu d’un bâtiment dévasté qui avait dû être un saloon et dont les murs ne cachaient plus rien de l’extérieur.

Le Diable était toujours assis à sa droite, dans son costume impeccable. Il y avait en plus à sa gauche un nouveau convive. Un cadavre ambulant lui aussi, mais celui-ci semblait parfaitement savoir ce qu’il faisait. Il salua Houbel en portant deux doigts secs comme des branches à la bordure de son chapeau.

“Houbel mon cher, je vous présente Japer Stone! Il est responsable de ce que vous voyez et, même si je lui ai donné un petit coup de pouce, tout le mérite lui en revient!”

Stone fit un geste de la tête pour montrer qu’il appréciait le compliment mais n’ajouta pas un mot.

“Houbel, c’est maintenant que les choses sérieuses vont commencer… regardez autour de vous, cela va s’animer sous peu…. Ha! Avant que je n’oublie, on me connait ici sous le nom de Lucien Bowman. Merci de ne pas gâcher mon entrée par d’intempestives révélations! Ce serait diabolique de votre part mon cher!”

Et il reparti d’un rire dément. Houbel espérait simplement que maintenant qu’il était revenu sur Terre, il n’allait pas devoir attendre encore une semaine que cela lui passe….

Dans le bureau du sénateur Oran Roberts, la tension est palpable. Le maire est parti avec sa garde de fidèles alors que la cérémonie de clôture du concours Solenberg est pour demain. L’or du perdant doit être remis au représentant de la Baillou vermillon et les documents ratifiant l’exclusivité des droits de la ligne à celui de la Dixie Railroad compagny. Le sénateur envoie donc son meilleur homme et néanmoins garde du corps à la recherche du maire.

Pendant son enquête, il tombe sur Rico qui s’apprête justement à rejoindre le groupe. Décidant rapidement de faire cause commune, les deux hommes se mettent en route.

C’est en plein nuit qu’il retrouve la trace de leurs compagnons. Camouflés dans une forêt d’arbres morts, ils se cachent d’un groupe de travailleurs qui, torches aux poings, scrutent les cadavres du docteur Janvier et de Medric en essayant de comprendre ce qu’il vient de se passer.

Dans la forêt, le garde du corps présente la situation au maire mais ce dernier refuse de partir. En effet, Everett souhaite obtenir l’aide et les informations du chasseur de prime déterré et Mendez a été clair, toute association est impossible tant qu’il n’aura pas été libéré de l’emprise de la sorcière. Everett explique donc qu’ils doivent récupérer le doigt de Mendez avant de penser rejoindre la ville mais que dans tous les cas, ils y seront avant la cérémonie. Jeffrey Mc Commit décide donc d’accompagner le maire afin de s’assurer qu’il rentre à temps et en vie à Last Chance Valley.

Malheureusement, pendant ce temps, une violente dispute éclate entre Rico et Ugo qui en viennent aux mains et décident de quitter l’endroit sans autre explication.

Désormais livré à eux-mêmes, Betty, Blake, Everett et Mc Commit s’en vont remonter la seule piste qu’ils ont, à savoir un lieu indéfini vers l’ouest… Bien sûr la tâche s’avère très dure quand le pisteur du groupe a choisi de rentrer en ville en boudant. Le groupe erre donc de longue heures dans le désert et finissent, à bout de force, par tomber sur une sorte de campement posé le long d’une colline montant en pente douce pour se terminer sur une falaise à pic. L’endroit semble abandonné.

Betty et Blake entreprennent de monter par la gauche du campement tandis que Mc Commit et Everett prennent par la droite. Rapidement, Betty progresse entre les tentes et les amas de caisses et de matériel. Elle découvre les mêmes outils que ceux observés quelques semaine plutôt dans le chantier mobile de la baillou vermillon, c’est-à-dire de l’équipement pour le forage sans aucun rapport avec la construction d’une ligne de chemin de fer. Elle trouve même des automates ouvriers dont les bras se terminent par des marteaux-piqueur à air comprimé.

Pendant ce temps, Blake s’écroule lourdement sur un tas de caisse contenant des outils en fer. Dans le silence du désert, cette maladresse sonne comme un coup de tonnerre… De leur côté, Everett et Mc Commit, qui ont déjà bien progressé vers le sommet de la colline, ont juste le temps de se cacher derrière une tente pour éviter la sortie inopportune d’El Gato Negro qui, attiré par le bruit de la caisse renversée, a choisi d’aller vérifier le périmètre.

Betty tombe, en fouillant le campement, sur une charrette contenant des tonneaux de poudre. Une bonne douzaine ! Conservant cette information en mémoire, elle rejoint Everett et Mc Commit en haut du campement où se trouve une cabane isolée qui a tout de suite attirée leur attention.

Blake, lui, continue d’avancer en rampant, bien conscient que le bruit qu’il a provoqué ne va pas manquer de lui attirer une certaine popularité.

Usant de ses pouvoirs, Everett observe à travers le temps le cabanon et y découvre un laboratoire de fortune dans lequel Ma Stetson réalise ses expériences. C’est bien là qu’elle travaille aux contrôles de Lopez (devenu El Gato Negro) et de Mendez. Mais le doigt n’y est pas, il en est sûr, il se trouve dans la tente dans laquelle dort la vieille sorcière. Le temps de faire part de ses découvertes à ses deux camarades, Everett entend Ma Stetson derrière lui. Elle rit de les voir ainsi coincé à flanc de falaise et leur pose alors une devinette : « Où sont donc cachés les travailleurs zombies de la Baillou Vermillion maintenant que des ouvriers bien vivants les ont remplacés sur le chantier ? »

A cet instant, la surface du sol se met à trembloter sur tout le campement. De chaque recoin, un mort vivant tente de s’extirper du sol sablonneux de la colline. Ils sont des centaines.

Betty décide judicieusement d’accélérer le mouvement. Elle attache deux cordes au cabanon et indique à Everett la charrette pleine de TNT. Blake, de son côté, continue de ramper pour échapper au regard d’El Gato. Malheureusement, un mort lui attrape le mollet et le voilà en train de lutter pour poursuivre sa progression vers ses camarades.

Il parvient à arracher l’avant-bras de la chose dont les doigts restent cependant crispés sur sa jambe mais cela n’a plus d’importance, Everett lance un sort d’explosion sur la charrette qui explose, emportant dans un extraordinaire souffle de feu les morts vivants, ma Stetson et le malheureux Blake. Finalement, Ma Stetson aura vu ses fils vengés (voir saison une) avec la mort de Blake bien que cela lui ait couté la vie. Celui qui veut se venger doit commencer par creuser deux tombes….

Mc Commit et Betty parviennent tant bien que mal à regagner le plancher des vaches sous une pluie de cadavre en flammes. Everett, lui, a plus de mal et se retrouve entraîné dans un étrange pugilat qui le mêle à un demi-mort vivant calciné bien décidé à le dévorer pendant sa descente en rappel.

Finalement, les trois compagnons finissent par atteindre le sol en bon état et s’étonnent de ne pas trouver Blake à leurs côtés. Ils vont pourtant le retrouver à plusieurs mètres de là, totalement brûlé et sans vie, la main d’un mort toujours crispé autour de sa jambe. Face au mort, se trouvent une charrette et trois hommes. Ayant vu le cadavre de Blake s’écraser sur la route ils se sont arrêtés pour contempler le résultat de l’effroyable explosion.

Ainsi donc, Mc Commit, Everett et Betty font la connaissance du Docteur Wilson, guérisseur itinérant, de son précieux mécène, Alfred Winchester et de leur garde du corps, le sinistre Bernardo.

Wilson ayant sauvé la vie d’Alfred à Paris, ce dernier, largement fortuné grâce à une brillante carrière d’avocat, décide de financer la construction d’un hôpital afin que le plus grand nombre puisse profiter des onguents à base d’alcool de cactus du docteur Wilson.

Alfred vient pour l’enterrement de sa mère. Il a reçu un courrier il y a plusieurs semaines pour l’informer de décès de cette dernière. Bien sûr, Everett leur annonce que l’enterrement a déjà eu lieu il y a bien longtemps mais qu’il y a quand même deux bonnes nouvelles : Déjà le responsable de la mort de Grasse (selon Betty) git brulé à leurs pieds et Last Chance Valley sera un bien bel endroit pour un hôpital.

Ainsi soudé dans la foi en l’avenir et dans l’argent, le groupe se remet en route vers la ville pour la plus grande joie de Mc Commit qui voit sa mission se conclure par un succès.

En rentrant, ils font un crochet par la planque de Mendez et de ses hommes pour annoncer au chasseur de prime que son doigt a été pulvérisé ainsi que la sorcière qui tentait de s’emparer de son âme. Satisfait, le mort-vivant leur annonce que la ville est perdue mais qu’il les aidera néanmoins de son mieux, fidèle à sa parole, et qu’il les mènera en temps voulu là où se trouve Celui-qui-ne-dort-plus. Il les prévient également que la Baillou vermillon a mis au point une machine infernale dont le but reste encore à définir.

Mendez dissimule sa face pourrie sous un foulard et une paire de lunettes d’aviateur. Et comme Everett lui trouve une ressemblance avec un Blake qui aurait été brulé, il décide de le faire passer pour le shérif défunt.

En ville les choses ont énormément progressé. Sous les efforts conjugués de Capell et de Lucien Bowman, la réception est fin prête ainsi que la gare et le wagon dans lequel doit avoir lieu la réception de l’or du perdant et la signature des contrats. Tout a été fait selon les anciens plans de Solenberg comme l’a souhaité Betty, responsable municipal de ce point précis des festivités.

A peine sur place, Aldebert et Vincent, les deux adjoints recrutés par Blake se précipitent vers leur patron. Etonné par son étrange stature et par son délabrement, ils lui exposent néanmoins les faits concernant l’affaire du tueur aux ciseaux qui tue tous les témoins de son duel avec Lester Baxter il y a si longtemps déjà. Les ciseaux utilisés sont ceux d’une coutière, or c’est le métier de la veuve de Lester. Malgré les protestations d’Everett, Mendez/Blake décide de les suivre pour conclure l’enquête.

Le maire a d’ailleurs autres chose à faire. Davis Everson, son beau-frère, vient le trouver, blême, pour le supplier de le suivre jusqu’à la maison qu’ils occupent lui et sa soeur Mary. Une fois sur place, Everett trouve Mary en train de faire la cuisine au milieu d’un immonde carnage. Il y a des morceaux de cervelle partout sur les murs et du sang est rependu sur le sol. A terre, repose le corps sans tête de Rico. David explique que ce dernier est devenu fou, qu’il est venu chercher Mary et qu’il avait l’intention de le tuer. Il a d’ailleurs dégainé et tiré avec une vitesse phénoménale mais l’arme, mal entretenue, n’a pas daigné cracher la mort. David a donc eu le temps de récupérer le Bollart pour exploser à bout portant le visage de son agresseur.

Voulant éviter le problème le jour de la cérémonie, Everett recommande de tout nettoyer avec l’aide de membre de la famille de David et d’envoyer le cadavre aux cochons. L’idée d’impliquer sa famille ne plait pas du tout à David qui finit néanmoins par se faire une raison.

Pendant ce temps, le docteur Wilson se rend chez les Mc Donalds, les soigneurs de la ville, et leur propose de leur faire un pont d’or pour acheter leur hospice et en faire un grand établissement de la santé. Ravi, le couple l’invite à l’étage pour parler affaire. Là, il dérange en pleine conversation un groupe de patients. Ce sont des Everson, la famille de David. Ils parlent de l’avenir radieux de la famille une fois qu’ils auront liquidé la famille Everett et que David sera l’héritier de tous leurs commerces.

David justement pénètre en trombe dans la salle pour obtenir l’aide de l’un de ses cousins. Un drame a eu lieu dans sa cuisine et il lui faut un coup de main !

Alors que Wilson arrose les Mc Donalds de promesses, Everett et Betty vont au saloon avec Mc Commit, le sénateur Roberts, Lucien Bowman et le juge Summer, nouvellement arrivé en ville. Ce dernier propose que l’on pende les trois Mc Coys que la justice et Ben Steed ont fini par rattraper ainsi que quelques indiens dont Ugo. Le malheureux s’est battu très violemment avec Rico et la peau d’un indien ruiné qui frappe un blanc ne vaut pas très cher…

Everett refuse pour les Mc Coys, craignant de voir les festivités se finir en bain de sang mais accepte pour les indiens. Après tout, la foule a le droit de se distraire un peu !

Alors que les discussions vont bon train, Todd Baxter entre dans le bar avec son chaman Corbeau cendré. Celui-ci, croisant le regard de Lucien Baxter, hurle de terreur et se jette au sol. Dans sa panique, il projette un sort extrêmement puissant qui envoie contre les parois de l’établissement tout ce qui se trouve dans le saloon, clients compris, laissant la salle parfaitement vide à l’exception de Lucien Bowman qui continue de boire son verre tranquillement accoudé à la table qui n’a pas bougé.

L’adjoint du maire tente calmement de ramener le chaman à la raison lui expliquant qu’il ne peut rien lui faire et que par conséquent il n’a rien à craindre. Loin de calmer l’indien, cette brève tirade le fait déguerpir en courant dans la rue tandis que tout ce qui occupait le saloon tombe au sol, laissant les clients moins contusionnés que terrifiés par la scène à laquelle ils viennent d’assister. Bowman parle de l’événement avec détachement, précisant qu’il n’est pas américain de se laisser imposer sa conduite par un sauvage et que leur magie blasphématoire n’est que de l’esbroufe destinée à effrayer ceux qui manquent de foi.

Plus tard, Everett et Mc Commit partent rendre une petite visite à Stacy « Iron Hand » Mc Coys pour l’informer que ses petits-fils ne seront pas pendus et qu’il convient donc de laisser les choses se dérouler dans le calme. La vieille dame promet que tout se passera pour le mieux, bien que dans la cuisine de sa chaumière, plusieurs de ses fils et petits-fils soient en train de préparer armes et explosifs.

En quittant la demeure, Mc Commit et Everett voient sortir de terre Mendez/Blake. Le faux shérif s’est fait descendre ! Il est tombé dans un piège destiné à Blake ! En suivant La veuve Baxter, il est tombé, dans une pièce sombre, face à Schkruger et une douzaine de ses hommes qui les ont pulvérisés, lui, Aldebert et Vincent sous un déluge de plomb. Croyant tenir leur vengeance respective, l’allemand et la veuve ont cru ainsi mettre un terme à l’intolérable existence de Blake ! Passablement énervé, Mendez se propose de retourner sur les lieux pour mettre les choses au point avec l’esclavagiste et ses hommes. En toute discrétion bien sûr.

Plus tard dans la journée, la cérémonie commence. Tous les notables sont invités à rejoindre le wagon qui reçoit la réunion. La populace, elle, profite des festivités, orchestre et buffet, amuseur et pendaisons. D’ailleurs, c’est le désormais conseiller qui s’occupe, sous la bénédiction du révérend Oswald et l’autorité du juge Summer, de passer la corde aux cous des condamnés, de lire la sentence et d’actionner les trappes tuant net, et au nom de la loi, quatre indiens dont Ugo, le pisteur aventurier.

Dans le wagon, les cigares se consument, les blagues s’échangent, les verres se vident. Summer a rejoint les représentants des deux compagnies, Everett, le sénateur Roberts ainsi que leurs gardes du corps et secrétaires respectifs. Des dizaines de pages sont signées quand arrivent enfin dans le lointain, le son puissant et la fumée du train qui amène l’or du perdant sous la bonne garde d’un détachement des Texas rangers.

Par la fenêtre, le responsable de la Dixie échange un signe de la tête entendu avec Betty. Ayant fait un peu de zèle, la voleuse a découvert cinq cuisiniers responsables du buffet à qui l’ont a retiré leur tablier noir, brodés du « concours Solenberg 1882 ».

C’est donc du côté des serveurs et des cuistots qu’elle cherche la source de la concurrence. Elle n’a pas à chercher longtemps, elle voit un des serveurs arracher un énorme masque à gaz de sous l’une des tables et l’enfiler. A peine les 500 kg d’or destinés à la Baillou Vermillon sont placés sur les rails, une épaisse fumée noie la scène et trois autres cuistots, le visage couvert par les masques à gaz, se précipitent pour s’emparer de l’or. Ils abattent les texas rangers en quelques secondes, les malheureux étant trop occupés à tousser pour pouvoir se défendre, et font glisser le coffre sur une diligence propulsée par un moteur à vapeur !

Betty, me voulant pas laisser filer sont pactole abat d’une balle en plein tête l’homme qu’elle suivant jusqu’alors et s’empare de son masque avant de s’agripper à la machine roulante.

Everett quitte le wagon de la réunion par la porte de derrière et tente de comprendre ce qu’il se passe dans la folie générale. A ce moment précis, un des wagons du train se déploie en une gigantesque machine infernale montée sur quatre pattes. Tombant sur les fesses de stupeur, le maire ne peut qu’assister impuissant à la suite. Du flanc de la chose, sortent trois mitrailleuses gatling qui truffent de plomb le wagon de la réunion. Tous les occupants sont répandus sur les parois à l’exception de Mc Commit qui est projeté à l’extérieur par miracle.

La machine s’enfuit ensuite sur les traces de la diligence à moteur et de l’or qu’elle contient.

Sur la diligence justement, Betty ne fait pas longtemps illusion. Son voisin, accrocher comme elle à l’arrière de la machine l’attaque avec le couteau qui remplace sa main manquante. Le manchot ne peut être que John « the butcher » Flynn ! Et les voleurs les hommes du CS marshal Ben Steed ! La voleuse tente de trouver refuge sur le toit de l’engin lancé à plein vitesse mais se retrouve encerclée par le conducteur, Flynn, puis rapidement par Ben Steed et un autre homme qui viennent, via les fenêtres des portes, se mêler au combat qui a lieu sur le toit. Voyant ses chances de survie fondre comme neige au soleil, Betty opte pour une solution désespérée. Elle se jette sur le pilote pour l’écraser contre le volant.

Aussitôt, l’engin braque et par dans une terrible série de tonneaux. Quand Betty reprend connaissance, la machine et en morceaux et les sables du désert couverts de lingots d’or. Ben Steed et ses hommes se relèvent péniblement et Betty choisi de rester cacher un moment.

C’est alors qu’arrive sur place la machine infernale qui a criblé de balles le wagon de la réunion. Solenberg et Pat Watson, Goguenards et triomphants, en sortent calmement. Ils viennent féliciter Ben Steed pour cette superbe opération et, feignait de les aider lui et ses hommes à se relever, les abattent tous à bout portant.

Pat Watson siffle alors entre ses dents et une dizaine d’hommes sortent des entrailles de la machine infernale pour venir ramasser les lingots et les charger dans la soute.

Betty n’a pas perdu son temps, elle a profité de la diversion pour grimper dans la salle de pilotage de la gigantesque machine. L’intérieur ressemble étrangement à une petite cuisine aménagée dont tous les meubles sont fixés au sol. Il y a même des rideaux aux fenêtres ! Face au mur de commande qui s’offre à elle, Betty n’a pas d’autres choix de s’en remettre à la chance. Tirant sur tous les leviers et pressant tous les boutons, la jeune femme finit par lancer la machine dans une folle course circulaire !

Rapidement, la force centrifuge à raison de l’engin qui s’écrase lourdement sur le côté, projetant une nouvelle fois l’intrépide Betty dans un buisson épineux. Alors qu’elle entrouvre à peine les yeux, elle aperçoit penchés au-dessus d’elle Pat Watson et Solenberg, dépités. Watson sort alors son arme et envoie deux balles dans le coeur la jeune femme.

Pendant ce temps en ville, la panique se répand, un orage éclate et des maisons de mettent à brûler sans que l’on sache trop pourquoi. Le docteur Wilson et Mc Commit sont en train de s’occuper des nombreux blessés quand Everett vient les réquisitionner pour mettre fin à cette folie. Mendez disant vouloir les aider et savoir en plus comment faire, il est temps qu’il mette des actes sur ces belles paroles.

Ils trouvent le chasseur de primes au milieu d’une véritable boucherie. Revenu sur les lieux qui l’ont vu mourir, il a réglé ses comptes avec Schkruger et ses sbires à la machette. Dur.

Mendez leur donne rendez-vous sur la colline à l’endroit où ils ont vu Agnès et Japer Stone discuter ensemble il y a quelque temps déjà. Une fois sur place, ils retrouvent en pleine discussion avec Stone qui quitte les lieux sans un mot. Mendez les conduit alors dans une cavité souterraine très difficile d’accès qu’ils mettent presque une heure à parcourir. Finalement, ils arrivent dans une caverne pleine de ruines datant d’un autre temps, avançant prudemment, ils parviennent à distinguer une chose bleutée, pleine d’une fumée gelée. Cette chose ressemble à un spectre séché couvert de bijoux en or. Elle est assise sur une chaise en bois devant une petite table. A ses côtés se trouve Stacy Mc Coys ainsi que son chaman indien qu’elle fait passer depuis tant d’années pour un domestique. Tout autour d’eux se trouve d’immenses tas d’or fait de pièces aztèques dont le seul contact peut provoquer la mort.

La vieille femme secoue la chose qui ne dort plus, la gifle, lui reproche de ne donner aucune solution viable, de n’être capable que de sécher des femmes sans jamais réussir à lever la malédiction qui pèse sur son or.

Visiblement, en creusant leurs mines, les Mc Coys sont tombés sur Celui-qui-dort et l’ont réveillé afin de s’emparer de son or. Leurs expériences maudites avec cette chose ont provoqué depuis des décennies les séchages spontanés de femmes innocentes.

Soudain, la tête du chaman Mc Coys explose. C’est Todd Baxter qui vient de l’abattre d’un coup de fusil. Il est accompagné de Gretta, sa femme et de Corbeau cendré. Gretta Baxter se jette immédiatement sur un tas d’or, hurlant d’abord de joie à la vue de cette incroyable fortune, puis de douleur quand de petites mains faites de fumée noire viennent arracher la vie de son corps desséchant son être en une seconde pour la laisser réduite à un l’état de parchemin émietté.

Stacy et Todd braquent alors leur arme l’un en direction du visage de l’autre, maudissant les noms de la famille de l’autre et lui promettant une mort prochaine.

Pendant ce temps, l’indien au bras noir se jette aux pieds du spectre, le supplie de l’aider dans une multitude de langue et lui parlant d’un être abominable qui les traque lui et les siens pour se venger. Mais Celui-qui-ne-dort-plus reste de marbre.

Devant la scène, Everett, Mc Commit, et Mendez abattent sans aucune pitié Corbeau cendré alors que le docteur Wilson tente de récupérer le chemin de la sortie, regrettant amèrement d’avoir suivi cette bande de fous.

Stacy et Todd, surement surpris par la fusillade, tirent simultanément ne laissant plus sur place que le spectre au milieu d’un tas de cadavres. Ce dernier justement semble sortir de sa passivité et prononce des mots étranges dans une vapeur bleutée.

Derrière le groupe mené par Mendez, une armée de squelettes de conquistadors espagnols vient de se lever. Mc Commit et le docteur Wilson, terrorisés, sont rapidement encerclés et se battent avec l’énergie du désespoir. Voyant la situation perdue, Mendez et Everett remonte par le chemin des mines Mc Coys. Everett tombe alors sur des caisses de TNT, voilà ce que préparaient les Mc Coys dans leur cuisine ! Voulaient-ils creuser encore ou condamner cet endroit maudit ? Peu importe. Pour le moment, Everett fuit en courant avec Mendez en jetant sur son chemin, tel un petit poucet funeste, des bâtons d’explosifs. Une fois assez loin, il allume l’un d’entre eux, faisant s’écrouler chaine des dizaines de tunnels.

Du fond de la caverne, Mc Commit et le docteur Wilson entendent la déflagration. A bout de force face à une armée de morts, ils accueillent presque avec soulagement la rupture de la nappe phréatique située au-dessus de leur tête ainsi que les tonnes de terre qui viennent les ensevelir à jamais.

Un peu plus loin, Mendez et Everett ne sont guère en meilleure posture. Les éboulement ont fait s’écrouler des pans entiers de conduite et les voilà plongés dans le noir, condamnés à rejoindre la surface, plusieurs centaines de mètres au-dessus de leur tête, en grattant la terre.

Epilogue:

Japer Stone est satisfait. Il regarde au loin s’éloigner la chose qu’il a libéré sur le Texas pour la plus grande gloire de Mort. Grâce à la haine des habitants de cette ville et à leurs rivalités mesquine, Celui-qui-ne-dort-plus a gagné en puissance jusqu’à sortir de sa torpeur.

A ses côtés, Bowman le félicite. Pour lui, il était simplement hors de question que les derniers fils profitent de l’aide de cette créature pour lui échapper. Houbel Winchester, au milieu de ces deux personnages, se demande si finalement l’enfer n’était pas plus confortable.

Enfin, Everett sort de terre. Il est d’une maigreur terrifiante et ne comprend pas ce qu’il fait là. Tout autour de lui, la ville en ruine est en flamme et les cadavres animés de ses administrés errent sans but tout autour de lui.

Dans le lointain, Japer Stone s’éloigne à cheval.

Bowman l’informe qu’il est mort de faim au bout de plusieurs semaines dans le noir à lécher les parois humides et à creuser la terre de ses mains en compagnie de ce bon vieux Mendez. Le jugeant responsable du désastre, Everett vide son chargeur dans le ventre de son ancien adjoint. En vain. Il monte alors sur la table pour essayer de lui fracasser la tête à coup de crosse. Toujours en vain. Sous les coups, Lucien Bowman lui explique qu’il n’est pour rien dans cette situation et que c’est Japer Stone qui en a tout le mérite. De plus, ce n’est pas lui qui a tué sa soeur et sa mère mais bien la famille Everson pendant que monsieur le maire était sous terre.

Blake se relève à son tour, son cadavre entièrement brûlé s’extirpant avec peine d’un plancher de bois pourri. Puis c’est au tour de Betty de sortir de terre pour rejoindre la table de Lucien Bowman.

Celui-ci leur explique qu’il a besoin d’eux pour empêcher les Derniers Fils de mener à bien une expérience dont le but est de les soustraire à son courroux. Malheureusement, il ne peut intervenir directement, les choses sont ainsi, et il a besoin que l’on agisse pour lui. En échange, il promet de réaliser leur souhait. Quoi que ce soit.
Everett demande alors à Bowman qui il est et ce dernier répond en riant qu’il est le Diable ! Son plan de carrière ne parlait-il pas pour lui ? Assurance, média, banque et maintenant politique ! Qui pouvait-il être d’autre ?!

Devant cette révélation, Blake s’offusque et refuse de travailler pour un tel patron ! Aussitôt son cadavre s’affaisse et s’écroule, définitivement mort.

« Bien », déclare Lucien Bowman en se frottant les mains, « si nous parlions maintenant de nos affaires…. »

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