Episode 11

« Un journal dans une urne »

Bien sûr Everett aurait pu accompagner ses camarades au Mexique. En plus de voir du pays, cela lui aurait permis de s’assurer du bon déroulement des opérations. Connaissant le potentiel du groupe, il était en droit de s’inquiéter. Pourtant, rester sur place n’aura pas était vain. En effet, dans la matinée de cette veille d’élections municipales, Solenberg et le sénateur Oran Roberts ont signé en grande pompe les documents qui auraient dû se trouver au Mexique et pour lesquels ses compagnons ont risqué leur vie.

Il décide donc d’aller parler de cette affaire avec Capell, le troisième candidat, propriétaire du saloon. Ce dernier est justement en train d’acheter des voix à grand coup de tournées générale. Capell plaisante sur le thème et se demande alors ce que vont ramener les cinq bourricots dont le zeppelin point à l’horizon.

Mais avant cela, il a un discours à donner. Le dernier. Il a préparé une belle estrade et un pupitre avec l’aide de Lucien Bowman, son nouveau conseiller dont la fonction principale est de répondre aux questions techniques tout en assurant le bon déroulement de la campagne de son candidat. Everett prend la parole et se prépare à jouer sa dernière carte (du moins c’est ce qu’il pense à ce moment de l’histoire).

NdMJ : Trem nous a fait la surprise d’arriver à la séance avec son discours préparé et de nous le déclammer avec une ferveur toute politicienne. Voici le texte dans son intégralité :
Habitants de Last Chance Valley ! Mes chers concitoyens ! Chers amis !

Mon nom est John Jefferson Everett…

Nous sommes réunis ici pour parler d’un choix. Un choix unique qui s’impose à vous. Un choix historique pour cette ville amis Texans !

Notre ville est à l’aube d’un changement majeur avec le passage de la voie ferrée : ce sont des nouvelles affaires en perspective mais aussi de nouveaux concurrents. Qui mieux qu’un jeune visionnaire, un notable tourné vers l’avenir, un enfant de CETTE ville, qui mieux que MOI, messieurs dames, saura faire prospérer cette ville dans ce nouveau statut tout en préservant VOS intérêts ?
Qui mieux que MOI saura protéger VOS familles alors que MA mère et mes sœurs résident ici ? N’ai-je pas ramené la cavalerie puis négocié le départ des indiens qui ENCERCLAIENT notre ville ?
Qui mieux que MOI saura protéger VOS commerces alors que la boutique qu’a bâtie MON PROPRE PÈRE se trouve dans CES rues… NOS rues?

Certes, mes adversaires sont des hommes de valeur, Mr Capell est un excellent… boutiquier…
Mr Solenberg a bien prospéré durant ses années de mairie, ses talents de notaire et ses brillantes idées ont servi Last Chance Valley…
Grâce à lui nous allons nous ouvrir au reste de l’état, au reste du pays même… mais ce sont VOS intérêts que je défendrai…
Je ne distribuerai pas des KILOS D’OR à des compagnies étrangères à cette ville si vous n’avez pas eu VOS KILOS D’OR AVANT !

Et je sais ALORS… mes amis… que vous m’aiderez à faire de Last Chance Valley un fleuron de cet État.
Je sais QU’ENSEMBLE nous ferons de cette ville un motif de JALOUSIE pour le reste du pays. Alors votez pour MOI amis de Last Chance Valley et rendez-moi FIER de pouvoir dire que je suis VOTRE MAIRE… votez pour moi amis TEXANS, votez pour moi mes frères…

Merci

Juste après les ovations d’un public conquis, Everett se rend un peu à l’écart de la ville où se trouve le hangar dans lequel le zeppelin doit venir se poser. Malheureusement, il comprend que les retrouvailles vont être mouvementées. Devant le bâtiment, se trouvent les hommes de Solenberg, menés par Pat Watson. Ils sont une quinzaine et semblent bien décidés à ne laisser personne sortir.

D’ailleurs, depuis sa cachette, le jeune candidat peut voir le capitaine de l’engin lire un document officiel signé du maire et des Baxter, propriétaires de l’entrepôt et de la machine volante, légitimant l’action du groupe d’hommes armés.

A l’intérieur, la réflexion s’installe lentement. Le voyage de retour a été dur pour tout le monde. Rico et Blake ont failli en venir aux mains suite à leur « différend » dans le désert mexicain, Ugo, que les machines terrorisent, a eu beaucoup de mal à supporter le trajet, et Betty, enfin, est tombée sur un passager clandestin : Un légionnaire français nommé Medrick bien heureux de quitter le Mexique pour un pays plus civilisé. D’ailleurs, pour lui, la civilisation commence par un règlement de 100$ pour prix du billet.

Mais la malheureuse, bien que ravie d’avoir trouvé un gentleman français, aurait sans doute préféré découvrir la bombe à retardement que Rico a caché pendant le vol… Nous y reviendrons.

Dehors, les choses évoluent, Blake est sorti faire face au groupe mené par Pat Watson et tente de leur rappeler la loi. Un des hommes reconnait la réputation de Blake et décide de fuir. Watson l’abat alors pour désertion et Blake le déclare en état d’arrestation pour meurtre. La situation semble tranquillement prendre le chemin de la tuerie quand un autre groupe d’hommes à cheval rejoint les lieux. Assez conséquente, cette troupe, menée par Lu Chi Raw souhaitent que les passagers du zeppelin les suivent afin de rencontrer monsieur Capell dans une grange à l’écart de la ville et d’y avoir une discussion en toute intimité. Des menaces sont échangées mais finalement, les hommes de Pat Watson ne sont pas décidés à mourir pour ce fichu hangar et préfèrent lever le camps. Everett décide de se rendre immédiatement à la grange où doit avoir lieu l’entretien.

Cependant, dans le hangar, on se méfie d’avantage. Blake décide tout simplement de rentrer en ville et Betty et Ugo n’acceptent de suivre Lu Chi Haw qu’après avoir confié les documents à Medrick. Ce dernier, inconnu de la population locale, se rend alors chez Betty où il attend de nouvelles instructions.

Dans la grange, Capell est sur son trente-et-un. Ca tombe bien, Everett, et Blake qui a fini par le rejoindre après un passage dans sa tente, le sont également. Ce sont donc plus de 4000$ en costumes sur-mesure qui s’installent autour d’une vieille table en bois qui sent les excréments de volaille et le foin sec.

La discussion tourne autour de la politique locale, évidemment et de ces fameux papiers. Une fois le groupe au complet et la situation jugée satisfaisante au niveau de la sécurité, les papiers sont amenés et étudiés par les érudits de l’équipe. Il s’agit finalement des comptes occultes de la campagne de Solenberg. Voilà pourquoi Templeton et El Gato voulaient ce dossier ! Avec ça, il tenait le maire de la ville ! Ce dernier, n’étant entouré que de fermiers alcooliques, n’avait pas hésité à inventé cette histoire de contrat indispensable pour convaincre ses ennemis de lui ramener le précieux document comptable.

Capell propose simplement de rendre les documents publics via le « « Last News Valley » afin de sortir Solenberg de la course. Medrick est choisi pour cette mission car, une nouvelle fois, son statut d’étranger lui permet de circuler plus facilement. Everett demande aussi une copie du dossier. Il a en sa possession un papier Selon lequel Solenberg s’engage à signer la restitution de l’armurerie Winchester à Rico si le document en question lui est remis. Il doit choisir entre la promesse faite à son ami et sa carrière politique… La discussion est compliquée, surtout face à un Rico têtu et arrogant qui n’a jamais brillé ni par sa vivacité d’esprit ni par sa diplomatie…

Le français se rend donc chez les imprimeries Limbermann, et demande une copie du document. Il est tard et les presses sont déjà prêtes pour l’édition de demain. L’homme refuse d’abord de toucher à la bombe médiatique que lui tend Medrick mais finit, la peur aidant, par se laisser soudoyer.

Medrick comprend alors la manoeuvre de Capell. Ce dernier, bon dernier dans les estimations, pense que le scandale éclaboussera Everett autant que Solenberg. La population texane, traditionnaliste et patriote, ne supporte pas très bien les affaires de ce genre. Le français se demande alors s’il ne faudrait pas mieux rendre les papiers à Solenberg afin de rester sur un final Solenberg/Everett certes serré mais qui élimine d’office ce troisième larron de Capell sans entacher la réputation d’Everett. Seul, il choisit de ne pas remettre les papiers au maire. Scandale il y aura.

Quand il revient, Everett croit exploser de rage. Il lui avait demandé de rendre les documents publics ! Pas seulement de faire une copie ! Il ne reste plus qu’à y retourner. Cette fois, Betty l’accompagne. Une fois sur place malheureusement, il découvre que le journaliste, à la botte de Solenberg, est allé prévenir ses hommes et c’est donc une douzaine de gaillards menés par Pat Watson qui garde les accès à l’imprimerie.

Everett joue alors une nouvelle carte. Il va voir Solenberg et lui remet l’original, jouant l’innocence. Comme convenu, Rico récupère son armurerie.

Betty et Medrick décident d’aller faire un tour en ville en attendant que Blake et Ugo dégagent la place. Au cours de leur promenade, ils trouvent Stacy « Iron Hand » Mc Coys en grande conversation avec trois de ses petits-fils. Ils décident de les suivre et arrivent ainsi jusqu’à une vieille remise dans laquelle les quatre Mc Coys chuchotent autour d’une couverture posée à même le sol de terre battue. Il y a également le vieil indien qui sert de domestique la famille. Betty découvre alors qu’il s’agit d’un chaman qui oeuvre pour la famille. Stacy lui reproche d’échouer systématiquement dans ses projets et de ne rien faire de mieux depuis trente ans que de dessécher des femmes innocentes. Sous la couverture, en effet, se trouve le cadavre parcheminé d’une femme. Stacy ordonne à sa descendance de faire disparaitre le corps dans les plus brefs délais pendant que l’indien ronchonne à propos d’une chose dont il ne comprend pas les instructions…

Pendant ce temps, Blake et trois de ses collègues sont au milieu de la grand rue, à deux pas de l’imprimerie. Ils viennent arrêter Pat Watson pour meurtre et ordonnent à ses hommes de se disperser. Ugo profite de la diversion pour escalader l’imprimerie afin d’atteindre l’homme posté sur le toit.

Tout ne se passe pas selon le plan. Un des adjoints perd son sang-froid et ouvre le feu sur Pat alors qu’il était en train de les narguer. Le bandit dégaine et abat deux adjoints d’un coup et blesse sérieusement le troisième. Blake réplique et le blesse à son tour avant de se mettre à couvert.

Ugo, arrivé au sommet du bâtiment, saisit les cheville du tireur embusqué et l’envoie rejoindre le plancher des vaches. En bas, la fusillade éclate. Blake, précis et rapide, abat trois, quatre, puis cinq sbires pendant que Ugo reçoit les balles perdues. Pat se jette à travers une vitrine afin de profiter d’un couvert satisfaisant mais rapidement, ses hommes prennent la fuite. Ugo, revanchard, tue quand même deux fuyards, pour le geste.

Quand ils entrent dans l’imprimerie, ils trouvent un Limbermann terrorisé que la fusillade a fini par décider. Dans son local criblé d’impacts de balles, il accepte de rédiger un article laconique concernant les affaires du maire. Blake commande également un rapide portrait de Watson afin de lancer un avis de recherche.

Au loin, le hangar et le zeppelin des Baxter explosent dans un incroyable déluge de flammes. Rico ayant ajouté un tonnelet de poudre à la bombe qu’il a placé sur la machine et n’ayant aucune connaissance en explosif, l’effet est finalement aussi inattendu que spectaculaire. Betty hurle sa frustration. Son plat pour récupérer l’or du perdant vient de s’envoler en un tourbillon de cendres.

Le lendemain, les élections ont lieux. Everett vient d’apprendre que depuis des mois, Rico entretient une relation avec sa sœur Mary. Celle qui vient de se marier et qui attend un enfant de son mari, David Everson, riche héritier des commerçants Everson… Mais finalement ça non plus ce n’est pas ce qu’il croyait. Everett apprend de la bouche même de sa sœur que l’enfant est de Rico. Interrompant cette discussion pour le moins animée, Rico arrive pour voir sa chère et tendre. Ils s’expliquent tous les trois et la décision est prise de rester sur un statu quo jusqu’à lundi, une fois les élections passées. A ce moment-là, David rentre chez lui et serre dans ses bras toute la famille, heureux de voir tous ces gens chez lui. Il les invite même à diner !

A l’extérieur, le scandale éclate. Des groupes se forment autour des rares citoyens sachant lire et chacun apprend la nouvelle : Solenberg est financé par la Dixies depuis le début, il accepte des pots de vin de tout le monde, même les Baxter sont impliqués ! Certains découvrent que les terres qui leur avaient été promises ont en fait été données en cadeau à la Dixies pour faciliter l’avancée du rail.

Bref, rapidement, quelques chariots prennent la route et plusieurs personnes impliquées, dont Solenberg et plusieurs Baxter, décident de quitter la ville sans plus attendre.

Au bureau de vote, Medrick tente de voter. A sa grande surprise, Lucien Bowman lui tend une liste sur laquelle son nom vient juste d’apparaitre. Décidemment, le petit homme est plein de ressources comme vient de le remarquer Everett.

A la fin de la journée, le résultat est connu de tous. Solenberg est écrasé par le scandale et c’est John Jefferson Everett qui élu à une faible majorité maire de la ville. Aussitôt c’est la liesse et les tractations politiques commencent pour avoir une place au conseil, pour devenir shérif ou shérif adjoint, pour obtenir telle ou telle faveur…

Everett prend ses premières décisions. Comme promis, en échange du financement de la campagne, Stacy Mc Coys et cinq membres de sa famille siègeront au conseil. De même, Faust gagne un siège et est obligé de nommé son successeur qui, sur ordre du maire, sera Nathan Blake. Ce dernier pleure à l’idée de devoir nommer un noir à ce poste mais finit par lui remettre officiellement son étoile de shérif.

Rico quant à lui, fait danser la vieille Stacy Mc Coys à qui il confie ses problèmes de cœur. Elle lui rappelle que Mary et David sont mariés devant Dieu et qu’il ferait mieux de se tourner vers une autre proie, pourquoi pas cette jeune miss Howlow qui ne semble pas insensible à ses charmes ? Elle profite également de l’occasion pour lui remettre une énorme liasse de billets pour paiement de la destruction du zeppelin des Baxter et lui présenter ses condoléances pour le décès de son oncle.

Au cours des festivités, Lu Chi Haw s’adresse directement au maire. Le contre maitre de la Bayou Vermillon veut les rencontrer, lui et ses amis, un peu à l’écart de la ville. Regroupant ses troupes, le nouveau maire s’éclipse discrètement.

Dans une clairière au milieu de la forêt, six hommes gardent une cabane à peine éclairée. A l’intérieur, se trouve l’homme en noir que Blake, Betty et Everett ont vu surveiller les travailleurs zombies lorsqu’ils étaient allés espionner le chantier de la compagnie.

L’homme relève la tête et Ugo, Blake et Betty reconnaissent à la lueur des bougies les traits pourris d’Archibald Mendez ! Mais cette fois-ci, le chasseur de primes reconverti a besoin d’aide. Il prophétise la destruction prochaine de la ville et compte aider le maire à condition qu’il lui rende d’abord un service. Il est tombé dans un piège. Le Dr Janvier, ce sorcier noir qui se promène nu sur le chantier et qui est également responsable de l’engloutissement de Robert’s hill, a une nouvelle alliée. Avec son aide, il est en train de prendre peu à peu le contrôle du déterré. Surement ne se rendent-ils pas compte qu’il le sens, mais il explique être l’objet d’une prise de contrôle particulièrement vicieuse. Lui qui avait fini par vaincre jusqu’à son manitou !

Avant de prendre congé, Betty paie grassement Lu Chi Haw pour un service. Ce dernier aura pour mission de retrouver Solenberg. La voleuse n’a pas l’intention de laisser l’or du perdant lui échapper…

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